Si la musique est récemment devenue un objet géographique[1], les géographes ont longtemps pratiqué la musique comme compte-rendu des stages de terrain. Les étudiants en géographie mettaient ainsi en chanson leurs excursions. La pratique du terrain allait ainsi avec une découverte que les étudiants avaient pour « mission » de traduire en paroles.

Cette pratique des excursions de géographes (universitaires comme étudiants) est sortie de l’oubli grâce au géographe Philippe Pinchemel qui avait rassemblé certaines de ces chansons géographiques en 1988, puis au géographe Michel Sivignon qui, pour l’anniversaire des 10 ans des Cafés géographiques, a ainsi fait redécouvrir des chansons d’excursion[2], et même proposer un « géoslam »[3]. Les géographes Yann Calbérac et Michel Sivignon, travaillant notamment sur le fonds de Philippe Pinchemel, préparent actuellement un ouvrage sur cette pratique de terrain.

Pour faire sortir de l’oubli cette pratique, les étudiants en géographie de l’université de Savoie ont mis, à leur tour, en chanson, sur l’air de Gare au gorille (de Georges Brassens, album La Mauvaise réputation, 1952), leur propre excursion (voir le billet précédent), reprenant ainsi la tradition des excursions géographiques et de leurs chansons qui utilisaient les aires de la chanson traditionnelle et populaire. Moins de termes de géographie physique que dans cette pratique oubliée, mais toujours la volonté d’apprendre par le terrain ce qu’est être géographes.

Voici donc la chanson faite par les étudiants pendant le voyage !

C’est à l’étroit dans un petit bus                                             

Que 50 jeunes savoyards

Embarquèrent avec Fabrice

Pour une destination bizarre

Cette belle équipe de soiffards

Ne venaient pas pour un coup d’un soir

Il s’agissait d’une semaine

Au milieu du peuple slovène

(refrain)

 Géographie  en Slovénie

De larges rues militaires

Marqueur d’un régime autoritaire

Les opposants de Tito

On ne le reverra pas de si tôt

L’homme était un peu mégalo

Même en sirotant des pivos

Mais dans les rues de Ljubljana

Ana nous a fait oublier tout ça

(refrain)

Une fois le soir tombé sur la cité

Chacun vaque à ses activités

Du parlement à Metelkova

Il y en a certains qui ne reviendront pas

Le premier réveil compliqué

Annonçait mal la journée

Mais c’était sans compter le tableau

De la grotte de l’UNESCO

(refrain)

A pied dans Trieste en Italie

On peut voir se sourire les ennemis

Ainsi la statue de la belle Sissi 

Se noie dans les macaronis

Mercredi Bénédicte sans son compère

Nous fit traverser la frontière

Car l’Europe dans les faits

Ce n’est pas toujours amour et paix

(refrain)

En laissant Nova Gorica derrière

Nous avons enfilé nos slips de mer

Oubliant ainsi les retardataires

Qui avaient abusé de la bière

C’est en escaladant les Alpes Juliennes

Que certains étaient à la traîne

Après avoir vu un tunnel effondré

C’est au Bled que nous avons pique-niqué

(refrain)

C’est devant le Triglav que nous sommes arrivés

Pour ne finalement jamais l’observer

C’est après cette journée écourtée

Que jusqu’au lendemain nous nous sommes soulés

C’est à l’entrée d’une grotte superbe

Que William a déposé une gerbe

C’est au fond du poljé inondé

Que la course aux sangsues s’est lancée

(refrain)

C’est à l’étroit dans ce petit bus

Que les jeunes savoyards

Ne nous en diront pas plus

Mais vous racontent leur histoire

(refrain)

Géographie à Chambéry

Premier jour : Découverte de Ljubljana par les géographes pendant que d'autres passent leurs partiels ! Visite avec Ana (qui est en master de géographie) de la ville jusqu'au parc de Tivoli en passant par la ville médiévale jusqu'aux berges de la Ljubljanica. Après avoir beaucoup marché dans la ville certains se sont désaltérés dans le parc pendant que d'autres sont rentrés à l'auberge. Dîner plutôt minimaliste au réfectoire étudiant et découverte de la vie nocturne de Ljujbljana. 

Deuxième jour : Départ pour la grotte de Skocjan, découverte du karst et de son façonnement par l'eau et son pouvoir érosif. Grotte gigantesque dont les salles plus grandes les unes que les autres ont donné le vertige à certains étudiants voire professeure. A Trieste, découverte de l'implantation historique de plusieurs cultures et repérage de mise en mémoire. Repas ou déjeuner au restaurant étudiant et nuit mouvementée pour certains.

Troisième jour : Après un réveil très difficile pour certains, départ pour Gorizia / Nova Gorica villes jumelles en compétition. Visite des deux villes avec une approche de la géographie des frontières. Départ pour le littoral à Piran, visite libre de la station touristique et notion de conflit avec la Croatie, pendant que certains barbotent dans la ville pittoresque.

Quatrième jour : Départ pour la frontière avec l'Autriche, randonnée jusqu'à l'ancien tunnel de Ljubelj. Cet endroit a été patrimonialisé durant plusieurs périodes successives, comme le montre la reconstruction de l'obélisque. Redescente et pique-nique au lac de Bled paysage carte postale emblématique de la  Slovénie. Les étudiants ont ensuite essayé d'apercevoir le Triglav à travers les nuages. Montagne identitaire de la Slovénie dont elle est le point culminant. 

Cinquième jour : Rendez-vous aux alentours de Postojna pour découvrir les différentes formes structurales karstiques. Visite de la grotte Planina et présence de la résurgence du karst de Notranjsko. Puis découverte de la mise en tourisme de la grotte de Postojna et de son histoire. Présence du ponor de la Pivka. Nous avons ensuite pique-niqué au château de Predjama avec sa grotte. Nous avons ensuite vu le canyon formé par un effondrement qui laisse apercevoir le Rak. Dernier arrêt sur le poljé Cerknisko dont nous avons fait le tour en car. Dernière journée pluvieuse en Slovénie où la fatigue s'est accumulée jour après jour. Tous contents de découvrir la Slovénie et son identité. 

 Pradeau Amélie, Quentin Favre